Vers le 10ème siècle, un empereur chinois demande à une de ses concubines de se bander les pieds pour exécuter la danse traditionnelle dite du lotus. C’est à partir de là que la mode des pieds bandés pour femmes apparait en Chine et va durer plus de 1000 ans.
Cette coutume était pratiquée au début par les hautes classes sociales mais se répand au XIème siècle dans toute la Chine. Elle consistait à se bander les pieds dès 5 ou 6 ans afin de limiter la croissance du pied pour que celui-ci ressemble à un bouton de lotus. Le pied était à l’époque vu comme la partie la plus érotique du corps de la femme. Plus la fille porte le bandage jeune, plus le résultat était efficace. Les pieds étaient lavés avec des produits antiseptiques et bandés quotidiennement puis placés dans une chaussure pointue, de plus en plus petite au fil du temps afin d’avoir une taille de pied minimum. Plus le pied est petit, plus la femme a des chances de se marier avec un homme fortuné : la taille idéale était de 7.5 cm. La femme avait donc une grande difficulté à marcher et cela l’obligeait à rester à la maison pour s’occuper des tâches ménagères.
Les empereurs essayèrent en vain d’interdire le bandage au XIXème siècle mais ce n’est qu’en 1912 qu’il est définitivement bannit par la République de Chine. Il devient interdit de porter des bandages et de marier son fils à une fille aux pieds bandés. Il est difficile pour les filles anciennement bandées de montrer leurs pieds déformés et cela engendrera de grandes difficultés sociales pour celles-ci. En effet, étant donné la grande déformation du pied, les montrer était un grand tabou. Les pieds bandés sont vus aujourd’hui comme un outil de torture et d’inégalités des sexes. Le sang circulait mal et les pieds souffraient souvent de multiples infections. Un milliard de femmes chinoises ont souffert quotidiennement de cette pratique, face à laquelle elles étaient impuissantes et le taux de mortalité est estimé à 10% pour cause de septicémie .